Article paru dans Rebelle Santé

Les « nouveaux » enfants

Certains enfants d’aujourd’hui sont manifestement différents de leurs petits camarades et des générations précédentes. Qu’ils soient précoces ou à tendance autistique, ces enfants ont en commun un autre mode de fonctionnement, bien loin du système de pensées linéaires qui régit notre société.

kiran

La petite Marie est étonnante. Du haut de ses 4 ans, elle n’hésite pas à défier les adultes en les regardant droit dans les yeux avec une incroyable maturité, comme ce samedi où elle avait éparpillé ses poupées dans le salon avant l’arrivée des invités. Lorsque sa mère la réprimande en criant, la petite Marie reste impassible et lui lance bien en face : « Mais maman, tu sais bien que ça ne sert à rien de crier, tu vas encore t’énerver et tu seras pas bien », puis elle range calmement ses jouets. Marie est aussi la plus forte dans les jeux de mémorisation, même si de temps en temps elle fait exprès de perdre pour laisser la victoire à son grand frère. Car son truc à elle, c’est d’aider les autres et les animaux...

Vous avez dit « nouveau » ?

Marie est typiquement ce qu’on appelle un enfant dit « nouveau ». Le terme en soi est déjà un casse-tête. Dès les années 70, on avait repéré ces enfants particuliers, soit très présents, soit la tête dans les nuages, mais souvent dotés d’une réflexion hors normes et sensibles à des sujets que les enfants de leur âge ignorent habituellement. On parlait alors d’enfants « cristal » ou « indigo » depuis qu’un médium avait identifié cette gamme de couleur dans leur aura. L’expression a ensuite été largement utilisée dans les mouvements New Age, au point parfois d’en éloigner le grand public. Les spécialistes de l’enfance préféraient - et pour beaucoup préfèrent encore - parler d’enfants surdoués ou à haut potentiel, ce qui n’est pourtant pas tout à fait exact. On préfère le terme de « nouveaux » enfants ou d’enfants « actuels », qui se focalise moins sur les compétences intellectuelles que sur la perception globale.

Cerveau gauche, cerveau droit

La compréhension de ces enfants a fait un grand pas avec la vision cerveau droit/cerveau gauche, initiée notamment par le chercheur américain Paul Dennison (1) et la psychopédagogue Marie-Françoise Neveu (2) qui a affiné la typologie de ces enfants. Notre cerveau est divisé en deux hémisphères ayant chacun ses spécificités : le cerveau gauche est le règne de la pensée analytique, de la focalisation, de la rationalisation, tandis que le cerveau droit régit la vision globale, le sens artistique, l’intuition. Il s’avère que ces enfants nouveaux fonctionnent presque tous selon un mode « cerveau droit ». Jusqu’à présent la majorité des humains, à part quelques exceptions, étaient des « cerveau gauche », et notre monde – en Occident tout au moins – est construit sur des valeurs « cerveau gauche ». Et c’est bien le problème de ces enfants : le système éducatif, notamment, est basé sur un mode « cerveau gauche » et n’attend pas de la part des élèves des comportements intuitifs ou des perceptions globales... S’ajoute à cela le fait que ces bambins, aux idées bien établies, supportent mal l’injustice ou l’incohérence, et certains ne se privent pas de renvoyer dans leur but papa, maman ou l’enseignant avec un talent rare d’appuyer là où ça fait mal... Dur, dur d’être un parent d’enfant « nouveau » !!!

Pour éclairer ces questions, nous avons rencontré la psychologue Marie-Françoise Neveu qui revient sur la particularité de ces enfants

  • En tant que parent, comment repérer un enfant dit « actuel » ?

Ces enfants sont toniques et ils donnent l'impression de déjà tout savoir, avec un regard extrêmement profond, les yeux grands ouverts qui scrutent, dès la naissance. Les sages femmes sont souvent interpellées par la profondeur du regard de ces bébés qui tiennent le regard et cherchent l’échange, ce qui n’existait pas avant. Plus tard, ils vont montrer une grande curiosité, avec une soif de connaissance. Ils veulent être nourris de plein de choses mais pas avec n'importe quoi. Ils veulent qu'on leur parle comme à un adulte, y compris sur des sujets très pointus. Leur maturité intellectuelle est hyper précoce mais en contrepoint, leur maturité affective est plus problématique.

  • Ce sont des enfants plutôt sensibles ?

Ils sont hypersensibles, et ont un grand besoin de sécurité. Ils ont peu confiance en eux et restent méfiants vis-à-vis de l'extérieur. Ce sont des enfants qui ont besoin beaucoup plus longtemps qu'avant de ce cocon, de cette fusion avec la maman. Et puis la sécurité, c'est l'énergie de la terre qui la donne, or ils ne sont pas connectés à l'énergie de la terre. D'où l'importance de beaucoup les porter, car la sécurité est au niveau de la base, au niveau du petit bassin. Plus il vont être portés, soutenus à ce niveau-là, plus ils vont acquérir de la confiance dans l'énergie de la terre.

  • Quel est le rapport entre ces enfants et l’hyperactivité ?

Les enfants « nouveaux » ne sont pas tous hyperactifs, mais quasiment tous les enfants hyperactifs sont des enfants « nouveaux » parce qu’ils comprennent très vite, et très vite aussi ils s'ennuient à l’école et dérangent en posant des questions incroyables, ou en s’agitant car ils ont déjà compris ce que répète l’enseignant. Ils sont hypersensibles à des paramètres extérieurs comme la pollution électromagnétique (les champs incohérents pulsés), comme une alimentation non vivante et pleine d'additifs, de phosphates ou d’édulcorants. Des intolérances au gluten, à certains produits laitiers ou encore une carence en magnésium génèrent également des troubles de type hyperactif. En fait, l'hyperactivité a de nombreuses causes et, lorsque l'on écarte chaque cause, il n'y a plus besoin de passer par une médication dangereuse. Rappelons que la Ritaline (le traitement chimique de l’hyperactivité) est une amphétamine, elle fait partie des drogues et on ne maîtrise absolument pas les impacts sur un cerveau non mature. On s'aperçoit avec le recul qu’elle pourrait favoriser la consommation de drogues et qu’il y a des passages à l'acte suicidaire.

  • Revenons au cas général de l’enfant « cerveau droit », comment voit-il le monde ?

La meilleure image est celle de la Tour Eiffel : regarder Paris des pieds de la Tour Eiffel ou regarder Paris du 3e étage de la tour. Quand on est au pied de la Tour Eiffel, on regarde autour de soi de façon analytique, on voit les détails, on n'a pas une vision très profonde, mais on peut analyser et faire des liens de cause à effet. Quand on est au 3e étage, on a une vision globale, très large et on appréhende l’ensemble, mais pas les détails. En gros le « cerveau gauche » est en bas, et le « cerveau droit » en haut. Sur le plan cognitif, les apprentissages ne vont pas se faire du tout de la même façon. Ils vont appréhender des situations comme un bloc. Un « cerveau droit » fonctionne en images, un « cerveau gauche » fonctionne en linéaire, c'est-à-dire qu'il y a une pensée qui se déroule, pour le « cerveau droit » il n'y a pas de pensée qui se déroule, c'est un flash, une image qui contient toute l'information.

  • On imagine les difficultés qu'il peut rencontrer à l'école...

Par exemple, pour un exercice de calcul, ce type d'enfant va donner directement la réponse. On lui demande comment il a trouvé, l'enfant ne sait pas répondre parce qu'il n'a pas fait le déroulement logique habituellement demandé. Il a la réponse, intuitivement, en tout cas ça n'a pas été un raisonnement discursif (par étapes) comme on en a l'habitude. Et puis son attitude peut mettre en difficulté l'enseignant. Tout le système scolaire a pris l'habitude de présenter les choses de façon extrêmement basique, réductrice et ça, il n'en veut pas, car il veut comprendre les tenants et les aboutissants, comment tout fonctionne.

  • Ces enfants sont souvent « dans les étoiles » connectés à d’autres plans, comment gérer cet aspect ?

L'idéal, c'est de mettre dans toutes les activités du quotidien une notion d'amour et de sacré, et quand je dis sacré ce n'est pas dans le sens religieux, c'est dans la conscience que tout est en tout et réciproquement, comme disent les Chinois. C’est-à-dire qu’on ne fait pas n'importe quoi avec n'importe quoi. Si je cueille une fleur, je la cueille en conscience, je m'adresse à la fleur et je la remercie parce qu'elle va venir embellir ma maison. De la même façon, on ne va pas dilapider les aliments et en mettre les 3/4 à la poubelle, cette conscience dans les moindres petites choses du quotidien est essentielle pour eux. Ils sont connectés à d’autres plans, c'est ce qu'explique Rupert Sheldrake (3) lorsqu'il parle des champs morphogénétiques de conscience. C'est un peu comme si chaque espèce avait un disque dur contenant toute l'information propre à l'espèce - pour prendre une image informatique - et l'individu, où qu’il soit, est connecté à ce disque dur. Rupert Sheldrake a mis en évidence que plus il y a d'individus qui apprennent des choses nouvelles, plus les suivants l'apprennent vite. Ces enfants sont de plus en plus nombreux à aller se connecter naturellement à des fichiers - pour garder cette image - auxquels jusque- là on ne s'était pas encore connecté. Comme s’ils avaient la curiosité d’ouvrir des fichiers qu'on n'avait pas encore ouverts. Donc ils apportent des informations extrêmement différentes.

  • Comment bien gérer les rapports parents enfants ?

Il faut que les adultes changent d'attitude. Jusque-là, ils étaient dans un mode relationnel vertical, en bas l'enfant, en haut le parent, en bas l'élève, en haut l'enseignant. C'était un mode hiérarchique, un mode de pouvoir. Avec les enfants « cerveau droit », ça ne fonctionne plus, si on s’accroche à ce schéma c’est le conflit assuré. Avec les enfants « actuels », c'est le mode de relation horizontal, un mode de partage, un mode d'échange. Nous adultes, sommes sur la terre depuis plus longtemps qu'eux, nous avons donc compris un certain nombre de choses et assimilé un certain nombre de codes qu’on peut leur transmettre. Eux, en revanche, arrivent avec des connaissances que nous n’avons pas et qu'ils peuvent nous transmettre.

Propos recueillis par Christophe GUYON.

(1) Paul Dennison est spécialiste des processus d'apprentissage, inventeur de la kinésiologie éducative, en développant notamment le Brain Gym, un programme d'apprentissage basé sur le mouvement.

(2) Psychothérapeute, psychopédagogue et conférencière, Marie-Françoise Neveu s’est spécialisée dans l’aide aux enfants en situation d’échec scolaire. Formée à la psychomotricité et la psychopédagogie, elle accompagne aujourd’hui aussi bien les enfants que les adultes.

(3) Rupert Sheldrake est biologiste, il a développé le concept de "résonance morphique", qui suggère que la nature des choses dépend de champs qui renferment une mémoire de leurs existences physiques antérieures.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

  • « Les enfants "actuels", Le grand défi "cerveau droit" dans un univers "cerveau gauche" », Marie-Françoise Neveu, Éditions Exergue. 19,27 €.
  • « Enfants autistes, hyperactifs, dyslexiques, dys… Et s’il s’agissait d’autre chose ? », Marie-Françoise Neveu, Éditions Exergue. 20,29 €.
  • « Kinésiologie pour enfants », Paul et Gail Dennison, Éditions Le souffle d’Or. 9,13 €.

Revenir